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Texte de Rudolf Steiner

1er exercice contre la perte de mémoire                                                                                                      

Si l’on fait une expérience très simple, mais qu’on la répète assidûment, cette expérience insignifiante peut accomplir de vrais miracles. Pardonnez-moi de vous parler aujourd’hui d’observations isolées, de bagatelles, mais de bagatelles qui peuvent devenir très importantes pour la vie. En réalité, cela dépend étroitement de ce que je viens de décrire, de ce léger manque de mémoire qu’on manifeste parfois. C’est là quelque chose d’incommode, de désagréable dans la vie ; mais l’anthroposophie peut nous montrer en outre que c’est immensément nuisible à la santé. Et, si étrange que ce soit, il est exact que bien des manifestations anormales qui, dans la nature humaine, confinent à des états nettement maladifs, seraient évitées si les hommes étaient moins oublieux. Mais vous pouvez dire : « Oui, les hommes sont oublieux ; qui peut en effet se déclarer entièrement affranchi de ce manque de mémoire ? Nous nous en assurons facilement en étant un rapide coup d’œil sur la vie ». – Prenons un cas vraiment de peu d’importance : par exemple, quelqu’un se surprend à ne jamais savoir où il a mis les objets qu’il utilise. C’est là, n’est-ce pas, une chose qui arrive dans la vie. L’un ne trouve jamais son crayon, un autre ses boutons de manchettes qu’il a déposés la veille au soir, etc. Il semble à la fois étrange et banal d’en parler ; mais enfin cela se présente dans la vie. Or si l’on observe ce qu’on peut apprendre de l’anthroposophie, il s’y trouve un bon exercice pour remédier peu à peu à un tel manque de mémoire, un moyen très simple : supposons qu’une dame dépose le soir, disons, une broche, ou un monsieur ses boutons de manchettes, dans un endroit quelconque, et qu’ils s’aperçoivent le lendemain matin qu’ils ne peuvent les retrouver. Vous pouvez dire : « Oui, eh bien, il n’y a qu’à s’habituer à les mettre toujours au même endroit ». Mais il ne sera pas possible de le faire pour tous les objets. Nous ne voulons pas, pour le moment, parler de cette façon de se guérir, mais d’un procédé beaucoup plus efficace.

Prenons le cas d’un homme qui remarque son manque de mémoire ; il se dirait : « Je veux placer les objets à des endroits bien distincts, mais jamais je ne veux placer un objet que je devrais retrouver facilement en un lieu déterminé, sans fixer en moi la pensée suivante : « J’ai mis cet objet à tel endroit ! » Ensuite, on tente d’imprimer un peu en soi l’image de ce qui entoure l’objet. Par exemple, nous déposons une épingle de sûreté sur le coin d’une table ; nous la déposons en pensant : « Je mets cette épingle sur ce bord, et je m’imprègne de l’image de l’angle droit qui l’avoisine, du fait que l’épingle est entre les deux côtés de l’angle, etc. » ; puis je m’en vais tranquillement sans plus y penser. Et, même si je ne réussis pas au début dans tous les cas, je verrai que, si je persévère, mon manque de mémoire disparaîtra de plus en plus. Ce résultat provient du fait qu’on a formé cette pensée très précise : « Je place l’épingle ici ». J’ai mis mon moi en rapport avec l’acte que j’ai exécuté, j’ai ajouté une image, une représentation imagée à la pensée de mon acte ; de plus, j’ai mis cet acte en relation avec mon être intime, indiqué par le petit mot « je ». Cette formation d’image est ce qui peut réellement aiguiser, pour ainsi dire, notre mémoire. Nous en retirons ainsi un profit pour notre vie, profit qui consiste à devenir moins oublieux. Si l’on ne pouvait obtenir que cela, il n’y aurait pas lieu d’en faire si grand cas. Mais on peut en attendre bien davantage.

Supposons que l’usage s’établisse d’entretenir de telles pensées en déposant certains objets ; cet usage aurait tout simplement pour effet un renforcement du corps éthérique.